Tenir la distance
Thursday, 15 October 2020 11:03 GMT
Sur la piste, peu de choses séparent Jonathan Rea et Scott Redding, mais une fois n’est pas coutume, la régularité a été la clé pour le pilote star du Kawasaki Racing Team. Le commentateur Steve English s'est entretenu avec les deux hommes avant la grande finale de 2020.
La lutte pour le titre WorldSBK se jouera lors de la dernière manche de la saison à Estoril. Avec 59 points d’avance sur son adversaire, Jonathan Rea a déjà neuf doigts autour du trophée et semble fin prêt à la soulever au terme d’une saison unique de l’histoire du Championnat, mais le Nord-Irlandais ne prend rien pour acquis. Comme on s’y attendait, 2020 a été l’année de Rea contre Redding. Kawasaki contre Ducati. Le vétéran contre le rookie.
Bien sûr, Redding ne se considère pas comme un débutant ; vétéran de 11 saisons de Grand Prix et Champion BSB, il était prêt à se lancer dans cette nouvelle aventure en 2020. Dès le premier tour à Phillip Island, il a montré qu'il avait la vitesse nécessaire pour être en tête, mais la saison n'a pas été parfaite. Une année aussi compliquée avec tant de courses en peu de temps a peut-être nui aux chances de Redding plus que quiconque ne pouvait l’imaginer.
« C’était vraiment formidable de me lancer en WorldSBK, déclare Redding. Avoir une période aussi longue sans rouler après la première manche n’a pas affecté mon pilotage mais je pense que nous avons perdu du temps sur le développement de la moto parce que la saison s’est finalement faite comme un sprint. Nous avons gagné des courses, nous avons mené le Championnat, nous nous sommes battu contre les meilleurs pilotes du WorldSBK mais nous avons aussi connu des week-ends compliqués qui nous ont fait perdre du terrain au Championnat. En commençant la saison, je savais ce qu’il fallait que j’évite, par exemple, le crash en Aragon, mais j’ai vraiment apprécié de me battre comme ça. »
Aragon était certainement un moment crucial dans la saison de Redding. Si Rea déclarait pour sa part que c’était « deux des meilleures courses de sa carrière » après avoir triomphé, son rival ne pouvait que accuser le coup. À cette période, il semblait préoccupé par les choses qu'il ne pouvait pas faire - utiliser le pneu SCX plus souple dans la course - et il semblait avoir perdu l’objectif des yeux. En fin de compte, Redding a estimé que cela était dû au fait qu'il avait essayé de trouver un moyen de tirer le meilleur parti de la moto.
« J’avais besoin de battre Johnny et je cherchais un moyen, un endroit, de tenter ma chance et voir si cela marchait, poursuit Redding. C’était une décision difficile en Aragon, de savoir si cela valait le coup d’utiliser le pneu SCX. Notre package est très bon, mais il y a toujours des petites choses à approfondir. La bonne chose pour Johnny, c’est qu’il est toujours le plus rapide sur la Kawasaki, donc il ne regarde pas ce que font les autres. Par contre, quand c’est le cas, vous devez regarder ce qu’il se passe. Il n’a pas ce problème donc il ne doute pas de ses décisions. Même si j’ai confiance en mes choix, je regarde ce que font les autres pilotes, s'ils vont dans une direction totalement opposée, parce que quand on voit comment Rinaldi a humilié tout le monde avec le SCX en Aragon, je dois examiner ces possibilités. »
Cette défaite face à Rinaldi a ouvert les yeux de Redding à bien des égards. A partir de ce moment, il a dû faire face à Rinaldi et Chaz Davies comme de proches concurrents sur la Ducati. Alors que Rea était capable de se battre sur un seul front en essayant de battre Redding pour le titre, son rival se battait avec ses collègues Ducati; un autre exemple de la façon dont la Ducati peut être aussi bien une moto fantastique quand tout est parfait mais qu'il est difficile d'en tirer le meilleur parti si tout ne fonctionne pas à la perfection comme l’explique Redding : « Il y a une petite fenêtre qui s’ouvre et à ce moment-là, la machine est parfaite, tout fonctionne bien et on peut gagner. Mais quand cette ouverture n’est pas là, on se bat pour le podium ou le Top 5. Avec la Kawasaki, quand tout va bien, ils peuvent gagner, et si cela ne va pas si bien, Johnny termine deuxième ou troisième malgré tout. C’est la différence qui fait gagner des Championnats. Nous devons juste adapter la moto à des pistes différentes, des conditions différentes et des circonstances différentes. Je pense que c'est là-dessus que nous devons travailler pour l'avenir. »
Tirer le maximum de sa Kawasaki a été la clé du succès pour Rea depuis 2015. Cinq titres successifs et un sixième en ligne de mire font de lui un Champion au palmarès inégalé mais c’est aussi sa relation avec son équipe et son chef d’équipe, Pere Riba, qui fait de lui ce qu’il est. La confiance des uns envers les autres permet de développer un sentiment de sécurité qui se construit et se renforce année après année.
« Nous avons une connaissance profonde de nos forces et de nos faiblesses, explique Rea. On ne peut pas faire faire à une moto ce qu’elle ne veut pas faire et j'ai le sentiment d'avoir toujours tiré le meilleur parti de notre package. Je pense que certains pilotes n’en sont pas encore là avec leur moto mais ils sont en train de comprendre comment faire et comment être plus régulier. C'est de plus en plus compétitif en piste et je pense que tous les autres sont maintenant plus constants sur une saison complète. »
« Je suis convaincu que Riba est l’un des meilleurs chefs d’équipe du monde, conclut le Nord-Irlandais. Je sais qu’il a été approché par des équipes MotoGP™ dans le passé mais il a toujours préféré rester. J’ai beaucoup de chance de l’avoir et je ne doute jamais de lui. Je suis très heureux d’avoir des gens comme Pere ou Fabien Foret qui n’ont pas peur de me dire que je fais des erreurs ou que je suis à la traîne. Ils n’ont aucun problème à me dire que j’ai tort ou que je dois changer quelque chose. Ce n’est pas facile quand vous gagnez des courses et des Championnats parce que tout le monde pourrait juste dire que tout est parfait et facile mais ils me disent toujours ce que j’ai besoin d’entendre et pas ce que j’ai envie d’entendre. Nous avons un profond respect les uns envers les autres. »
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